twitto ergo sum

Education au Maroc: un lourd héritage de l'arabisation (la politique et non la langue)

En 1945, 33 marocains avaient obtenu leur baccalauréat. En 1955, ils étaient 155 !  La France avait fait le strict minimum quant à l'enseignement. Il leur fallait assurer juste les personnes pour les postes administratifs. Est-ce qu'on peut lui dire merci à la France pour avoir éduqué ces "indigènes" ? Certainement pas. Elle a profité des richesses du pays, de son phosphate, de ses terres... Les chemins de fer n'avaient été réalisés non pas pour le transport des hommes mais bien pour celui du phosphate. Alors, je ne remets pas en causes tout ce qu'ils ont fait de positif pour "améliorer" les conditions de vie des colons et qui allaient servir par la suite pendant des décennies encore aux autochtones. Hopitaux, écoles, gares, routes... Mais je méprise leur politique alors de l'enseignement. Pendant toute leur pérriode au Maroc, ils ont enseigné pour obtenir une centaine de bacheliers! Au lendemain de l'indépendance. Il fallait donc relever le défi de l'enseignement. Tout était donc à faire. Ceux qui ont constitué l'élite du Maroc dans les années 50, n'étaient pas les plus diplômés. Regardez et épluchez les formations de toute cette génération diplômée des années 60 et vous serez étonnés.

Disons que deux visions se sont confrontées au lendemain de l'indépendance. L'une appartenait au groupe de Mohamed Benhima, Mehdi Ben Barka et Ahmed Balafrej. Et la deuxième, Allal El Fassi, Mohamed El Fassi et M'hamed Douiri. Si pour le premier groupe, il s'agissait d'investir dans l'enseignement pour préparer la génération à venir, le deuxième était focalisé pour résoudre le problème de l'identité nationale et le retour aux sources arabo-islamiques.

Ce sont les derniers qui l'ont emporté bien entendu. Par la suite, les échecs d'orientation « linguistique » se sont multipliés, arabisation du contenu et « marocanisation » des professeurs. Les remplaçants marocains et le programme pédagogique n'étant pas encore au point pour une arabisation totale et les français avaient presque tous quitté le Maroc. Les professeurs marocains étaient formés en français et devaient enseigner en arabe. Depuis les années 60, le niveau et l'écart n'ont cessé de se dégrader. Les villes étaient servies et principalement Casablanca, les campagnes oubliées ou délaissées. Le cercle vicieux était entamé, aucune machine arrière n'était possible. On se voilait les yeux et on occultait les campagnes et les petites villes retranchées et isolées de la route.

L'enseignement au Maroc après avoir été réduit au minimum pendant le protectorat, se développait alors à deux vitesses, côté urbain et côté rural. Tout était en défaveur de ceux en dehors des grandes villes: éloignement géographique, difficulté de transport, isolement, financement de l'enseignement…etc  tous les inconvénients étaient réunis pour faire du « sur place » pendant encore cinquante ans. Personne ne peut refaire le passé, nous ne pouvons nous mettre à visionner le film en sens retour. Les erreurs par la suite se sont enchaînées, des aller-retours entre le français et l'arabe ont déstabilisé à la fois les enseignants et étudiants dans un intervalle très court parfois.

Je ne critique pas la langue, et l'enseignement en ARABE. Mais plutôt les conditions dans lesquelles le virage butal a été fait, sans préparation au début. Sans entraînement, sans programme testé et avec des professeurs formés en français qui devaient enseigner en arabe. Et puis par la suite, ces décisions sans réelle vision à long terme.

L'exonération d'impôts de l'enseignement privé est intervenue pour soutenir les initiatives privées qui comblaient les besoins en enseignement public. Un libéralisme sauvage qui a préparé la fin du secteur public.

Il a fallu attendre l'an 2000, pour que Youssoufi et son gouvernement conscientise réellement le problème du retard au niveau de l'enseignement. Il a fallu attendre son gouvernement pour avoir une série de réformes mises en place pour l'amélioration de la couverture et de la qualité des programmes. L'éducation plus qu'un autre domaine nécessite une vision et à long terme.  

 



31/03/2011
6 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour