twitto ergo sum

Le départ de la traversée céleste était donné, les créatures de lumière redoublaient de luminosité à la joie de revivre cette expérience. La couleur réfléchie par leurs plumes, traduisait leurs sentiments et états d’âmes. L’éclat de leur blancheur augmentait à mesure que leur bonheur était grand. Et à l’opposé, un chagrin ou une vision de quelque chose de triste les rendaient d’un coup tout bleu. Chaque couleur avait sa signification, et il arrivait parfois que certains aient un plumage de plusieurs couleurs différentes à la fois. Fort heureusement les êtres humains ne pouvaient les voir, les êtres de terre ne pouvaient sortir de leur monde parallèle de leur vivant et avaient la vue réduite à leur état, la matière. Nous ne pouvons entrer dans les raisons de leur vue momentanément limitée, mais disons qu’il valait mieux pour eux qu’il en soit ainsi.

Les anges, tous ensemble, formaient comme une belle et lumineuse étoile. Ils voyageaient à présent à travers les galaxies pour rejoindre la petite boule bleue habitée par les Hommes. Ils la reconnaissaient de loin, car les planètes et les étoiles autour de la Terre gravitaient avec une précision divinement orchestrée. Les Anges devaient arriver avant le premier coucher de la nuit du destin sur Terre. La chorégraphie, depuis plus de 1400 ans, était gracieusement ordonnée. Les anges se positionnaient selon leur entité au-dessus de la destination choisie pour eux, au niveau de la couche protectrice de la bulle bleue. Ces dernières années, les anges trouvaient cela dommage de voir des amas de fer joncher la pureté de l’univers, les hommes salissaient le haut pour pouvoir photographier le bas. Mais ils ne sont pas à cette contradiction près les humains.

Dès que le point désigné entrait dans l'obscurité de la nuit, le signal était donné pour l’entité d’entrer, ils ressortiraient de la bulle bleue  plus tard lorsque le plus petit éclat de lueur s'immisçait dans la pénombre du même point de la planéte. Nos cinq compères planaient au dessus de Casablanca, à présent ils attendaient le moment de la descente. De très haut quelques inquiétudes exacerbées par l’impatience de l’expérience commençaient à poindre. Le départ n’était pas encore donné qu’ils entendaient beaucoup de bruit de voitures, de cris, qu’ils sentaient une multitude d’odeurs mélangées et ressentaient une énergie bouillonnante incroyable :

• Eh les angelots Je ne le sens pas ce coup cette année ! le bout de mon aile me dit qu'on va sortir tout bleus de cette ville… Dit Ralôm qui se positionna en premier sur l’axe

• Ooooh ou blanc attend de voir c'est bien la ville blanche non? Lui répondit Fleurbleunôm

• En effet Casablanca, ville blanche ou Dar Beida en arabe la ville la plus peuplée et la plus riche du pays, adorée mais crainte, fascinante mais terrifiante. D’ailleurs, sur TripAngelisor les avis d'ailleurs étaient très tranchés sur cette ville. S’enquit de rajouter Cogitôm, fier de ses recherches vit le bout de ses ailes jaunir d’un coup

• Voilà, voilà, c’est exactement ce que je craignais, rajouta Ralôm, une ville compliquée quand on aurait pu avoir une ville facile à cerner, un peu moins bruyante, un peu moins animée !

• Mais non arrête un peu, toi, regarde un peu par là…la ville est belle, il y a l'océan et puir regardez cette grande mosquée sur l’eau… lui fit remarquer Bellôm

• Tu as entendu ce vacarme? Ils ne s'entendent plus, comment arrivent ils à être en paix en se faisant tant de misère … dit Fleurbleunôm, sa poitrine légèrement teintée en bleu

• Mais oui souvenez-vous, leur répondit Bellôm, plus il y a de bruit plus le moment de descente approche, ça me rappelle une autre ville vous vous souvenez ? la nuit numéro 1380 ou 1381 je ne sais plus on avait été désigné pour Tunis et il y avait autant de disputes et de bruits avant notre arrivée. L'agiation surement causée par la faim. Je ne sais jamais si leur ventre et appétit sont leur point fort ou point faible? Peut être les deux…

• Surtout ceux là, apparemment leur amour pour leur ventre est immense et je me souviens d’un commentaire laissé sur un billet.nuage « Si l’amour se récite en poème à Paris, à Casablanca il se mange en tagine ». Je n’ai pas très bien saisi… rajouta Cogitôm d’un air pantois

Les bruits et les nuages de fumée des véhicules avaient atteint leur paroxysme, de très haut on en percevait de moins en moins. En l'espace d'un battement d'aile, la paix envahit la grande ville, les rues étaient presque désertes. L’air redevenait presque clair. On voyait les muezzins tous se préparer à l’appel. Nos anges se sont tous tus d’un coup, ils étaient d’un coup tous orange, ils le sentaient, c’était le moment du plongeon. Ils ne manquèrent pas de s’apercevoir en descendant que la terre était plate autour de la ville, une terre plutôt fertile des animaux, des fermes et une forêt. L’océan gobait – telle une date – le soleil, qui se couchait. Le sous groupe des compères étaient affectés à une zone de la ville quadrillée pour la nuit pour offrir leur présence à tous ses habitants.

• On va où ? On choisit un grand bloc de pierre où ils habitent les uns avec les autres ? il y a beaucoup de choses que l’on pourrait faire en un seul coup! leur proposa Coquinôm

• Non je préférerai un endroit spacieux, beau, une surface plate leur répondit Bellôm

• On devra en faire beaucoup, on a des objectifs n’oubliez pas… rajouta Ralôm

• Allez celui-là, il faut commencer les angelots ! leur imposa Fleurbleunôm. Il désigna de son corps un immeuble de cinq étages. Chacun en fera un en l’espace de quelques minutes. La nuit s'annonçait intense comme toutes les précédentes.

 Nos cinq compères arrivèrent dans la pièce centrales que toutes (ou presque) les familles occupaient à ce moment précis. Ils trouvèrent presque les mêmes mets entreposés sur les tables et un poste noir sur lequel tous les yeux étaient rivés (lorsqu'ils n'étaient pas plongés dans leur soupe), sur lequel défilaient des images. Les humains appellent celà un téléviseur.