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Marocain d'antan, Marocain maintenant...

Je m’en vais vous raconter l’histoire moderne et les racines d’un personnage qui peut être vous-même ou votre frère, votre cousin ou encore votre ami. Mon héros se nommera  pour l’occasion Zakaria Ould Ahmed Ould Abdelalli (des prénoms choisis totalement au hasard ;) )

 

Commençons par le grand-père de notre cher Zakaria. Le « Sid Elhaj » Abdelalli s’habillait en selham et en jellaba, il avait un numéro de téléphone à cinq chiffres mais pouvait également être joint via l’opératrice. Il avait quelqu’un qui écrivait  pour lui avec plume et encrier. Les nouvelles lui arrivaient principalement par la radio autour de laquelle se réunissaient tous les hommes de la famille.

 

Le grand-père de Zakaria, notre Sidi Elhaj respecté, allait à la chasse, avait participé à des guerres et maniait le fusil comme personne (selon la période à laquelle vous situez ce personnage, choisissez une guerre de votre choix, je vous laisse cher lecteur libre là-dessus :D). Il avait quatre épouses et quinze enfants, dont Ahmed le père du héros de ce billet. Il aimait ses quatre femmes, logées dans la même demeure et s’assurait de réserver une attention équitable à chacune. Il les aimait comme on aimait avant et tenait un agenda strict de partage entre les quatre épouses, auquel il ne dérogeait jamais. Il était le Caïd de sa résidence, choyé et adulé par ses quatre épouses, qui redoublaient d’efforts pour le satisfaire et surtout se démarquer l’une de l’autre. Ainsi, ses moindres désirs, même inavoués, étaient comblés et sa vie était rythmée au gré de ses quatre foyers en un. 

 

Par la suite, vint le père de Zakaria, Sidi Ahmed. Il  avait au début de sa carrière connu les machines à écrire, le papier carbone puis les premiers ordinateurs qui remplissaient une salle entière. Il possèdait une collection de stylos à plume. Sidi Ahmed découvrait les informations grâce aux premiers journaux marocains et aux chaînes télévisées.

 

Sidi Ahmed a vécu dans une grande maison, entouré de ses frères et demi-frères ainsi que de ses sœurs et demi-sœurs. Il a été parmi les premiers de la famille à suivre des études supérieures. Il n’a pas vécu de guerre mais a vécu -enfant - la fin du protectorat français et l’indépendance du pays. Il a « connu » des jeunes filles par regards volés et peut être quelques messages envoyés grâce aux relais d'âmes bien charitables. Ses parents lui ont présenté sa femme qu’il a appris à aimer avec le temps et à travers ses enfants. Il en a eu que cinq, parce que subvenir aux besoins de sa petite famille et mener ses enfants jusqu’à l’âge adulte lui semblait un objectif assez raisonnable. Il a vu certains de ses amis convoler en noces une seconde fois, il y a réfléchi par moment mais n’a jamais franchi le pas. Travailler 50 heures par semaine, faire les courses pour sa famille et prendre en charge l’ensemble du foyer lui occupaient son emploi du temps et crispaient ses nerfs suffisamment, pour envisager un deuxième mariage.

 

Enfin Zakaria (ou Zak pour les intimes sans Sidi ni Elhaj), jeune homme en 2011, est supeeeer stylé (prononcez staïlé). Il ne s’habillerait qu’en jeans T-shirts s’il le pouvait, a un i-phone et n’achète plus de stylo. Les infos il les a « live » sur le web.

 

Zak est le benjamin de Sidi Ahmed, il a grandi en ayant tout ce qu’il voulait. On ne refuse jamais rien au benjamin, bien entendu ;) Il a eu quelques copines ici et là et à présent, il ne sait plus où il en est avec sa copine du moment, Salwa, qu’il a rencontré sur Facebook. Cette dernière lui plaît sur bien des aspects, mais ces derniers temps, elle l’assaille de questions, elle veut savoir où ils en sont au niveau de la relation, quand il compte se décider pour officialiser et surtout est ce qu’ils vont (TREEES) bientôt se marier ? Il ne voit pas pourquoi elle veut se compliquer la vie et surtout la sienne avec ces questions –faussement – existentielles ! Zak vient à peine de commencer à travailler il y a quelques années et aime sa vie comme elle est. Pourquoi voudrait-elle que cela change ? Il pose la question à son voisin français expatrié au Maroc, Maxime fils de Henri (un soixante-huitard) fils de Jean-Paul (qui s’est marié avec Giselle, qu’il avait rencontré au bal du village) : « Comment sais-tu si c’est la femme de ta vie ? » Maxime lui répondit qu’il n’en savait rien, qu’ils allaient - avec sa copine - vivre ensemble d’abord quelques années avant d’envisager éventuellement de se pacser. Ce qui ne l’a vraiment pas aidé, notre pauvre Zak. Au contraire, ça lui a donné encore plus mal à la tête…

 

Sur trois générations, le code de la famille a évolué de manière phénoménale dans notre société. Nos chers marocains d’antan avaient pour la plupart comme Abdelalli plusieurs femmes et beaucoup d’enfants, ensuite la génération de nos parents comme Ahmed qui n’a (presque) connu que sa femme et eu quelques enfants, à la notre, qui comme Zak se pose bien des questions existentielles sur le pourquoi et le comment. S’ils n’avaient pas de mal à choisir quatre épouses, aujourd’hui ils se demandent pourquoi ils se lieraient. Le Marocain a  bien changé depuis le temps, et ne ressemble plus à son aïeul d’antan. En même temps, la Marocaine a également évolué et préfère assumer sa liberté que de subir le choix familial et choisir son Zak à femme unique... ;) Chaque période a ses codes, chaque génération son bonheur... Alors question pour vous tous, la vie était-elle plus simple avant ou sommes nous vraiment compliqués à présent? Ou sommes nous juste plus conscient (et libres) de notre quête individuelle vers le bonheur?



05/09/2011
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